SwissSkills et WorldSkills 2022 : vitrines de la relève professionnelle suisse

130'000 à 150'000 visiteurs aux SwissSkills 2022

Ce seront les plus grands SwissSkills centralisés de l'histoire : plus de 1000 participants s'affronteront en 85 compétitions et dans 65 métiers. Au total, 150 métiers seront présents. « Nous attendons entre 130'000 et 150'000 visiteurs », avance André Burri, président de la fondation SwissSkills. L'organisation centralisée du concours est à ses yeux un avantage pour promouvoir l'apprentissage - l’un des objectifs des SwissSkills.

Selon lui, les championnats des métiers sont davantage médiatisés lorsqu'ils sont organisés à grande échelle que lorsqu'ils sont décentralisés. « À Berne, les journalistes ont de nombreux métiers sous la main et peuvent interviewer participants, experts et formateurs professionnels. De plus, l'expérience est bien plus marquante pour tout le monde qu’avec plusieurs événements décentralisés ».

Les WorldSkills 2024 en ligne de mire

Selon André Burri, les SwissSkills, qui sont l'un des plus grands événements organisés en Suisse, sont aussi l’un des plus complexes : SwissSkills fournit aux associations professionnelles l'espace et l'infrastructure de base nécessaire à quelque 150 métiers différents. Les associations, pour leur part, se chargent de la préparation technique des participants et de l'organisation des compétitions. Les champions des métiers sacrés aux SwissSkills 2022 auront de bonnes chances d'être sélectionnés par leur association pour les WorldSkills 2024 qui se tiendront à Lyon.

40 professionnels suisses dans 38 compétitions à Shanghai

Quelque 1400 participants de 86 nations sont attendus aux WorldSkills 2022 de Shanghai. Les 40 jeunes talents de notre SwissSkills National Team participeront à 38 des 60 compétitions - avec de bonnes chances de médailles. Sept d’entre eux bénéficient déjà d’une expérience internationale grâce à leur participation - réussie - aux EuroSkills 2021 de Graz.

L'équipe nationale SwissSkills se prépare aux championnats mondiaux déjà depuis août 2021, ce qui fera donc bien plus que les neuf mois habituels - pandémie oblige. En janvier 2022, elle s’est réunie pour un weekend d'entraînement à Oberentfelden (AG).

Explorer ses limites physiques et mentales

Préparation physique et mentale, échanges avec d'anciens champions des WorldSkills et fixation d’objectifs personnels étaient au cœur de ce weekend - le premier des quatre ou cinq planifiés. « C’est la compétition la plus importante d’une carrière professionnelle. Pour être au top, une préparation physique et mentale optimale est indispensable », assure André Burri. C'est pourquoi les SwissSkills ont conclu un partenariat avec la SUVA.

À Oberentfelden, le plus grand assureur-accidents de Suisse a sensibilisé les participants à la gestion de la condition physique, de l’énergie et du mental, tests médicosportifs à la clé. Les candidats sont rudement mis à l'épreuve durant leur période de préparation. « Nous poussons délibérément ces jeunes à leurs limites afin qu'ils ne vivent pas cette situation pour la première fois aux WorldSkills », explique André Burri.

Entretien avec André Burri, directeur de la fondation SwissSkills

Quelle est l'importance des SwissSkills pour la formation et la relève professionnelle suisses ?

Il y a cinq ans, à peine 50 % des Suisses estimaient qu'un apprentissage offrait des chances de carrière équivalentes à celles d'une formation académique. En 2019, cette proportion est passée à 60%. Nous voulons encore l’augmenter en montrant les avantages de l'apprentissage et du système de formation dual, ainsi que les passerelles existantes. Les SwissSkills peuvent influencer durablement les jeunes qui s'apprêtent à choisir une voie professionnelle. Ils y observent en direct les activités de différents secteurs professionnels, discutent avec les participants, découvrent de nombreux métiers et vivent des émotions fortes liées à l’ambiance des championnats. Pour ces raisons, il est important de maintenir ces championnats des métiers tous les deux ans.

Certains participants des championnats influencent-ils la popularité de certains apprentissages ?

C’est possible, mais plutôt sur le long terme, en fonction de la suite de leur parcours après les SwissSkills. Avec ces championnats des métiers, nous voulons montrer les avantages d’un apprentissage et les possibilités d’évolution qu’il offre. Par exemple, une apprentie ayant participé aux SwissSkills il y a dix ans peut très bien diriger aujourd’hui une entreprise. 80% des jeunes talents des SwissSkills font par la suite un grand pas en avant dans leur carrière.

Quels sont pour vous les plus grands défis de la préparation des SwissSkills ?

Leur complexité augmente au fur et à mesure que de nouvelles professions s’ajoutent. Il y a aussi des contraintes d’espace disponible. 150 métiers, cela signifie 150 ateliers différents à installer, avec 800 postes de travail. Les SwissSkills, c’est l’équivalent d’une zone industrielle à mettre en place et à faire tourner à plein régime durant 5 jours, tout en accueillant le public. Nous veillons à ce que les trajets soient les plus courts possibles afin que les visiteurs, qui passent en moyenne 3 h sur la manifestation, ne perdent pas de temps. Le bon déroulement repose avant tout sur la logistique, et c’est donc ce que je considère comme le principal défi.

Comment la fondation SwissSkills prépare-t-elle les participants aux championnats des métiers qu’elle organise ?

Aux SwissSkills, les candidates et candidats sont soumis à une forte pression, et il en va de même aux WorldSkills. Tout leur entourage veut les voir donner le meilleur d'eux-mêmes au bon moment : experts, coachs, visiteurs et famille. Aux WorldSkills, les jeunes talents représentent en plus la Suisse. Le pays les suit dans les médias, mais aussi sur place : souvent, notre équipe est accompagnée de l'une des plus grandes délégations de supporters. Malheureusement, les visiteurs internationaux ne seront pas admis à Shanghai cette année. Lors des championnats, les participants sont confrontés à des imprévus qui augmentent encore la pression. Pour les WorldSkills, nous entraînons spécialement la force mentale des candidats pour les aider à garder leur sang-froid au cœur de l’action. Nous investissons également du temps dans la cohésion du groupe, car elle renforce la confiance en soi.

Que signifie la participation aux WorldSkills pour les candidates et candidats ?

Tout d'abord, ils pourront être fiers de ce qu'ils auront accompli. Les SwissSkills exigent déjà un haut niveau de connaissances techniques, de rapidité et de précision. Pour les WorldSkills, ils investissent entre 500 et 1200 h en préparation physique et mentale. Cette formation intensive nécessite un environnement favorable. Il faut renoncer un temps aux sorties, à la vie associative et aux amis. Un candidat qui n’est pas prêt à s'investir pleinement pour les WorldSkills n’a aucune chance de se classer parmi les cinq meilleurs.